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Liées Par Le Sang

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Blogue

Les dessous

3 Avril 2018

Le Cyprin Doré

À mesure que j’avance, vous verrez où je glane mes idées.
Écrire un roman relève de l’imagination.
Bien que je tente d’être fidèle aux éléments et personnages historiques, je m’accorde quand même certaines libertés!

Au début du Tome 3, nous retrouvons Charles-Guillaume Le Normant-d’Étiolles dit Poisson en octobre sur le port de Québec. Comme il ne peut rester longtemps dehors, il trouve abri au Cyprin Doré, un cabaret qu’il a fréquenté avec ses «frères de bouteille» français. L’enseigne que voici est un exemple de celles qu’étaient tenus d’installer, par la loi, ces commerçants au XVIIIe siècle.

Enseigne de cabaret, tôle peinte, XVIIe – XVIIIe siècle

Enseigne de cabaret, tôle peinte, XVIIe – XVIIIe siècle
Source: Musée Stewart 1975.33.1
https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/files/enseigne-de-cabaret

 

Je n’ai pas baptisé l’établissement de façon anodine. Je vous disais dans mon premier blogue que Jeanne-Antoinette se faufilait partout, dans mes romans.

Les poissons rouges, d’une grande rareté en Europe, firent leur entrée à la cour de Louis XV. Madame de Pompadour les fit importer de Chine pour le plaisir de son royal amant. Très attachée à ses précieux petits cyprins dorés, que lui offrait la Compagnie des Indes (à noter : la Compagnie des Indes fit l’acquisition du Château Ramezay de Montréal en 1745), elle contribua beaucoup à leur notoriété.On lui attribue l’engouement de Versailles pour ces jolis poissons. Peut-être se moquait-elles secrètement des nobles, elle qui était née bourgeoise, affligée du patronyme de Poisson?
Voilà pourquoi j’ai choisi que le cabaret de Jacquot Bourdeau s’annonçe par un poisson rouge, peint sur son enseigne.

Pour Charles-Guillaume, le trajet à pied est court entre les quais de Québec et la rue du Sault-au-Matelot. À l’intersection de la Côte-de-la-Montagne, il trouve le Cyprin Doré. Cette photo d’aujourd’hui plante le décor, avec sa maison de pierre et son enseigne du même type que celle du cabaret de Jacquot.

Dans le roman, la délicieuse Margot, fille du patron, sert à Charles-Guillaume un plat réconfortant: une fricassée de tourte aux champignons.

Tous les Québécois savent que la tourte, ce volatile apparenté au pigeon ou à la tourterelle, a été chassée jusqu’à l’extinction. Contrairement à la croyance populaire, la tourte n’a pas donné son nom à un pâté à la viande (qu’on aurait farci de tourte, sous le Régime français). La tourtière était plutôt le plat dans lequel on cuisait ce mets. Il y a donc eu transfert de sens et aujourd’hui, la tourtière désigne bel et bien un pâté à la viande!

Tiré de: Jean-Marie-Francoeur,  Genèse de la cuisine québécoise, Fides, 2011, p.459

Peu importe, la tourtière, telle qu’on la prépare au Québec demeure, encore et toujours un mets qu’on aime, surtout durant le Temps des Fêtes.
Pour nourrir ma tribu, il m’arrive de faire une corvée de tourtières dans ma cuisine.
Pas toute seule, je vous rassure!

3 Avril 2018

Tome 3

Ça y est, j’ai entrepris l’écriture du Tome 3 de LIÉES PAR LE SANG.
Le titre demeure à trouver, mais le synopsis est complété pour ce qui sera la conclusion de la saga généalogique de Lou, héroïne moderne, et de Charles-Guillaume, son premier ancêtre arrivé en Nouvelle-France.

C’est en hiver que j’écris le mieux.
Durant cette saison propice à l’enfermement, les mots me viennent.
Et là où j’aime me cloîtrer, c’est au chalet, dans ma chambre-bureau.
Rideaux tirés, beau temps, mauvais temps.

Le tissu à fleurs  ne déplairait pas à Jeanne-Antoinette, marquise de Pompadour, présente en coulisses, dans chacun de mes tomes.
Elle avait (peut-être) choisi de semblables textiles pour sa chambre. J’avais pu le constater, lors de la visite de ses Petits Appartements, à Versailles.
J’y avais eu accès, en privé, grâce à l’intervention de mon ami historien, Georges Poisson. Ce décor a été reconstitué à partir de ce qui est connu des goûts de la marquise.

Quand j’ai entrepris l’écriture de ce qui sera, finalement une trilogie, Jeanne-Antoinnette (née Poisson) fut mon inspiration première. Je lui suis fidèle.
Signée François Boucher, ceci est l’oeuvre la représentant que je préfère. Elle y apparaît au sommet de sa beauté et y fait une lumineuse démonstration du style Pompadour, celui qui a été imité dans toutes les cours d’Europe.

En ouverture du Tome 3, nous retrouvons Alcide Germain. L’infatigable généalogiste de Lou, continue de compulser les pages du journal de campagne de Charles-Guillaume-Louis Le Normant d’Étiolles dit Poisson.
Déchiffrant la graphie d’un autre temps du jeune lieutenant, il démêle peu à peu l’écheveau de sa vie, consignée dans des cahiers reliés de cuir rouge. Ce sont des livres ayant appartenu à Madame de Pompadour, figurant dans les collections du Musée Stewart de Montréal, qui m’ont donnés l’idée de ces cahiers.

Livres reliés aux armes de la marquise de Pompadour, veau, maroquin. Photo tirée du catalogue de l’exposition Trésors du Musée Stewart: 50 ans d’acquisitions,
Montréal 2005. Crédit: Jasmin Provost, Média Urbain.

Les précieux carnets de Charles-Guillaume sont frappés des armes de Pompadour (notez les 3 tours), un ultime cadeau d’une mère à son fils qu’elle ne reverra peut-être jamais.
Lou, en pleins préparatifs de mariage, se fie à Alcide pour rattacher les fils de cette histoire écrite au moment où la Nouvelle-France deviendra la Province de Québec.

Ajout Photoshop, à ce tableau, de la couverture du livre
réalisé par Anastasia Fadous

À mesure que progressera l’écriture de ce roman, je partagerai avec vous mes diverses sources d’inspiration, de documentation.
Un genre de making of, d’incursion dans l’envers du décor.
J’espère que ceci vous intéressera.
Pour ma part, j’ai autant de plaisir à effectuer ces recherches – à relier entre eux les moult indices et détails que je débusque, que je dépoussière – qu’à coucher sur papier mon intrigue.

À suivre…

Marie-Josée